LES JOHNNIES DE ROSCOFF,DES OIGNONS AUX HOMMES

La conférence, telle que proposée par notre conférencière.

Ville biface, à la fois terrienne et maritime, Roscoff est depuis plus de deux siècles le foyer d'une aventure collective exceptionnelle.
Au cours de la première moitié du 19e siècle, les Roscovites imaginèrent une solution originale à la pression démographique qui touchait alors les campagnes bretonnes. Profitant des routes commerciales qui reliaient le port léonard aux côtes britanniques depuis le Moyen-Âge, des groupes d'hommes et d'enfants prirent progressivement l'habitude de s'embarquer chaque été pour aller six mois durant vendre outre-Manche le produit des riches terres de la "Ceinture dorée". Portant à l'épaule un bâton chargé de longues tresses d'oignons à l'alléchante robe cuivrée, ces maraîchers-colporteurs devinrent rapidement des figures incontournables des routes et des rues de l'Angleterre, du pays de Galles et de l'Ecosse. 
Faisant résonner leur slogan "Good onions very cheap" du coeur de Londres jusqu'aux Orcades, les marchands d'oignons de Roscoff frappèrent l'imagination de leurs hôtes au point de faire régulièrement l'objet d'articles de presse, feuilletons, romans, poèmes, dessins ou tableaux, et de se voir attribuer le surnom qui fait aujourd'hui la fierté de leur région d'origine : les "Johnnies".
S'appuyant sur treize ans de recherches des deux côtés de la Manche, Estelle Champeau vous invite à venir (re)découvrir l'épopée des "gars aux oignons", de la levée du Blocus continental en 1815 à la Libération de Paris en 1944.

Notre conférencière, Estelle Champeau.

Professeure agrégée d'anglais, Estelle Champeau est enseignante en Classes Préparatoires aux Grandes écoles au Lycée Vauban de Brest.
Passionnée par l'histoire socioculturelle de la Bretagne, elle consacre sont temps libre aux recherches en archives et sur le terrain.
Après trois ans d'investigations qui l'ont menée de Roscoff aux Orcades, en passant par Londres & le pays de Galles, elle a soutenu en 2013 un mémoire de Master 2 en sociolinguistique à l'Université de Brest, intitulé : "Apparition et diffusion du surnom "Johnny" pour désigner les marchands d'oignons léonards".
Membre de l'association Tud ar Johnniged depuis 2011, intronisée dans la Confrérie de l'Oignon de Roscoff en 2015, elle a participé à la refonte muséographique de la "Maison des Johnnies" de Roscoff et intervient régulièrement auprès des habitants et des visiteurs de passage pour partager l'avancement de ses travaux.
Ses recherches actuelles portent sur la culture écrite des bretonnants du long 18e siècle et plus particulièrement sur les quelque 150 manuscrits de théâtre en langue bretonne rédigés dans les campagnes du Trégor-Goëlo entre la fin du 17e et le milieu du 19e siècle.